Et pour son alimentation ?
Une alimentation naturelle et sans OGM bien sûr. L'autonomie alimentaire est un des principes directeurs de l'agriculture BIO, ce qui veut dire qu'un éleveur en BIO doit être autonome au niveau de l’alimentation de ses bêtes. Il doit donc cultiver lui-même les céréales BIO qui lui serviront pour nourrir ses bêtes. Cette démarche est plus complexe et plus difficile à mettre en œuvre pour les exploitations porcines. Pour les jeunes mammifères, la préférence va au lait maternelle.
Le gavage est interdit en agriculture Bio.

Depuis quand parle t’on de BIO dans la filière viande ?
Depuis près de  20 ans,  le marché du Bio s’est vraiment développé dans la filière viande vers 94-95.A l’époque nous étions moins de 1% en Bio, aujourd’hui nous sommes proches des 4% de fermes en Bio. Et la filière Interbev Bio date de 2005. Il faut savoir qu’aujourd’hui, 1 agriculteur BIO sur 3 est éleveur.
Quelles sont les autres différences entre la viande Bio et la viande dite conventionnelle ?
Sur le secteur du Bio, les fermes sont en général de plus petites tailles et pratiquent beaucoup la vente directe. En élevage bovin Bio, nous avons 1 vache par hectare alors qu’en intensif c’est 1,3 vache par hectare et jusqu’à 2,5 vaches.
Au niveau de l’engraissement des bêtes, en Bio c’est 6 mois minimum contre 3  en conventionnel.

Et au niveau du prix de la viande ?
La viande Bio est un peu plus chère que la viande d’élevage conventionnel. Cela s’explique très facilement, car elle coûte plus chère à produire. Mais cette différence n’est que de 5% du prix payé au producteur de bovin, 15 à 20% sur l’ovin et pour le porc on peut être 2 fois plus cher, à cause du coût élevé des céréales.

Sur certains circuits de distribution, la viande BIO n’est pas forcément vendue plus chère, car pour maintenir le même niveau de prix, le distributeur baisse sa marge, parfois c’est l’inverse on trouve notre viande Bio 20 à 30% au dessus du prix de celle élevée en conventionnelle. Beaucoup de vente en Bio se font en direct à la ferme et là les prix ne sont pas plus élevés, voire même moins élevés, puisque vous enlevez tous les intermédiaires.

Y a-t-il, comme pour le vin et les fruits et légumes une augmentation de demande en conversion ?
C’est beaucoup plus complexe sur l’élevage, car pour passer en Bio il faut revoir toutes les installations et c’est très couteux. Mais c’est sur les nouvelles installations qu’on peut voir le plus d’augmentation. Il y a 20 ans on ne représentait même pas 1% et  aujourd’hui nous représentons en volume 4% de la production. Il y a eu une forte augmentation de 2009 à 2011, mais avec la crise et la baisse de la consommation de la viande ça s’est tassé.

Et au niveau de la qualité de la viande quelle est la différence ?
L’élevage Bio est selon moi en tout point de bien meilleure qualité !


Pour répondre à cette question, nous avons interrogé le boucher Yves-Marie Le Bourdonnec, en coup de vent, car le boucher d’Asnière est un homme très pris !

Yves-Marie, vendez-vous de la viande bio ?
Non, pas pour le moment.

Pourquoi, le coÛt ou le goÛt ?
Parce qu’aujourd’hui je n’ai pas encore découvert de viande Bio française à mon goût !  Je recherche pour mes clients des viandes goûteuses, de l'exceptionnel. Pour les viandes de boeuf en BIO, je pense que cela vient de leur mode de production. Les bovins sont engraissés plus longtemps et arrivent à l’abattoir à un âge déjà trop avancé. La viande est donc moins tendre. Ensuite, les races travaillées ne sont pas des bonnes races à viande.

Il y a également un problème de coût, surtout pour la viande de porc. Les éleveurs ont du mal à être autonomes et sont donc obligés de compléter en achetant des céréales Bio à l'extérieur, et les céréales Bio sont chères ! Donc la viande vendue est naturellement plus chère.
Mais, je pense très sincèrement que c’est une excellente démarche et que les éleveurs BIO sont sur la bonne voie. Mais comme nous avons mis 50 ans à détruire notre agriculture il faudra surement autant de temps pour réussir à la reconstruire.
Enfin, si j’avais un conseil à donner aux éleveurs en Bio c’est de travailler sur le goût de leur viande et sur les races qu’ils décident d’élever. Privilégiez les races à viande et ils auront surement de bien meilleures résultats, au niveau gustatif bien-sûr !


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