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Apprendre à manger avec les cinq sens

Et si on réapprenait à écouter son corps ?

Apprendre à manger avec les cinq sens

Apprendre à manger avec les cinq sens

Manger est un besoin essentiel. C’est une condition de survie dans de nombreuses régions du monde, mais nous commençons seulement à nous préoccuper de l’importance de nos choix alimentaires et de la façon de manger dans les sociétés industrialisées où la nourriture est abondante. Excès alimentaires, malbouffe, surproduction et pollution, industrialisation et transformation à outrance des produits… Les conséquences de notre mauvaise hygiène alimentaire apparaissent aujourd’hui clairement au travers de pathologies qui se généralisent (obésité, hypertension, diabète, allergies…) et de troubles comportementaux tels que la suractivité chez les enfants et les problèmes liés au stress chez les adultes.

Nous avons accès à tout, n’importe quand et dans un excès d’insouciance et d’ignorance, nous nous croyons tout permis lorsqu’il s’agit de satisfaire notre appétit. Mais comment pourrions-nous connaître l’importance des aliments et de la façon de les absorber ?

L’éducation à l’alimentation n’est pas prévue au programme des écoles. Malgré les opérations menées par les municipalités telles que la semaine du goût ou les promesses politiques de retour aux produits frais et d’introduction du bio, la qualité des menus servis aux enfants dans la majorité des cantines reste déplorable. Sans parler des conditions dans lesquelles sont servis les repas : service accéléré par manque d’espace, bruit, stress… (cantine20.wordpress.com) Habitués à engloutir, les enfants grandissent sans connaissance de la saisonnalité des produits, sans appréhender la diversité des goûts et viennent grossir les rangs des consommateurs de fast-food et de produits industriels arrivés à l’âge adulte.

On constate pourtant ces dernières années un retour à une alimentation plus saine et plus équilibrée. La gastronomie est à la mode, les livres de cuisine envahissent les librairies, les émissions fleurissent sur nos écrans et le courant écologiste commence à faire entendre sa voix sur les questions d’agriculture durable. De tradition familiale, la cuisine est même élevée par certains au rang des arts, récemment classée par l’UNESCO au patrimoine immatériel de l’humanité et célébrée en France lors d’une journée dont la première édition a eu lieu le 23 septembre 2011.

Discipline émergeante, le design culinaire, qui fête ses dix ans, a la particularité de faire de la grande cuisine avec des choses simples et de remettre le goût à l’honneur. Pratiquée dans de grands restaurants mais aussi plus modestes, cette mise en valeur esthétique des plats et des aliments a une vitrine : le festival international de la photographie culinaire dont l'une des éditions présidées par Alain Passard  mettait à l’honneur les légumes.. Mais le sens du beau et la mise en scène ne sont pas les objectifs uniques de cet art : la découverte du goût, des goûts, de sensations nouvelles en sont le véritable propos.

Ainsi Marc Brétillot, professeur à l’Ecole supérieure d’art et de design de Reims (ESAD), à l’origine de ce concept, se place dans la lignée des jouisseurs rabelaisiens et des grands cuisiniers tels Brillat Savarin. Son idée est de travailler le produit alimentaire comme n’importe quel autre matériaux et de savoir le rendre beau, mais aussi bon à la fois. Il ne s’agit pas là de cuisine décorative, mais de revenir à l’essentiel, au produit sain et bon et de savoir le mettre en valeur. De revenir à une cuisine honnête qui fait appel à notre histoire, à nos traditions familiales ; à une cuisine qui fait du bien à notre corps et qu’il faut prendre le temps d’ingérer ; une cuisine qui se consomme avec les cinq sens car l’acte de manger fait naître de nombreuses sensations et tout le corps doit y participer.

Goûter et voir bien sûr, sentir, mais aussi toucher et savoir écouter le frémissement d’un plat pendant la cuisson ou du vin qui coule dans notre verre. Tout cela participe au plaisir de la cuisine et de sa dégustation. Comme nous le rappelle Hyprocrate au tout début de son serment, la nourriture ne nous nourrit pas seulement, elle nous soigne également.

La cuisine nous rend plus humain et ces amoureux du bon tendent finalement à nous faire retrouver le respect de notre corps, le lien avec la terre, par amour du goût.

Alors faisons-nous du bien, mangeons !


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