C’est une arrivée discrète, mais, petit à petit des familles d’exploitants de jardins de thé font leur apparition dans la capitale. Les Morimoto, les Wanatabe ou encore les Matsumoto ont ainsi trouvé un public d’amateurs de thé qui se fait une joie d’être en contact direct avec ces familles.
Souvent originaires de Kyushu, une des îles principales du Japon, la grande qualité de leurs produits ne suffit plus à assurer la pérennité de leur exploitation familiale. En effet les Japonais se désintéressent de plus en plus du thé lui préférant le café. A un point tel, qu’aujourd’hui une dégustation organisée par une boutique n’attire que peu de monde. Les producteurs doivent ainsi gérer à la fois un marché en crise mais également une désaffection des jeunes pour ce métier, qui préfèrent travailler à Tokyo, ou s’ils restent, endosser des fonctions commerciales considérées moins ingrates que celles de s’occuper d’un jardin de thé.
Pourtant ces producteurs ont amené l’art de cultiver le thé à des sommets.
A la découverte du thé vert de la Famille Hayashi
Pour exemple, la famille Hayashi à Kirishima, au sud de Kyushu, cultive le thé depuis cinq générations. Le premier fondateur du jardin est un cultivateur de tabac. A la fin du XIXième siècle, lors d’un voyage à Tokyo, pour livrer sa production, il passe dans une région productrice de thé. De ce séjour, il ramène quelques théiers qu’il plantera. Nous sommes en 1897 et le jardin vient de naitre. Ces plans existent toujours et continuent à produire. De la variété zairai-shu, la reproduction se fait par graine. Lorsqu’un pied meurt, il est remplacé par un pied fils. De fait, des pieds centenaires côtoient des pieds plus jeunes. Chaque arbuste apporte sa propre personnalité à ce sencha au goût atypique.
Si aujourd’hui les jardins sont certifiés « bio », la troisième génération s'était, en son temps, tournée vers l'utilisation de produits chimiques. En effet dans les années soixante, l’incitation à utiliser des produits phytosanitaires était forte et les cultivateurs n’avaient pas encore conscience de la dangerosité de ce type de produits. A partir de 1993, la famille fait machine arrière et revient à un mode cultural plus sûr pour la santé et l’environnement. Dans la région, le jardin des Hayashi a la particularité d’être au sein d’un parc naturel, entouré d’arbres le protégeant de toute contamination qui pourrait être due au traitement chimique d’un encombrant voisin. Cerise sur le gâteau, ils préparent leur propre compost pour assurer la fertilisation de la terre et le désherbage est mené par la chèvre de l’exploitation. La fabrique est située au milieu des jardins. Ainsi lors de la récolte, la fraicheur des feuilles est exceptionnelle.
Ces conditions optimales permettent à la famille de s’imposer une exigence qualitative que peu peuvent suivre. Ils produisent aussi du Gyokuro. Un thé vert cultivé une quinzaine de jours, sous couvert, quelques semaines avant la récolte. Poussant la recherche de la qualité à l’extrême, seules sont gardées les meilleures feuilles. Ils ont donc deux Gyokuro selon le cultivar utilisé : Asatsuyu et Oku Yutaka. Ce dernier donne un thé qui développe une saveur unami intense.
A l’heure actuelle, c’est Shutaro qui veille à la destinée du jardin aidé par son père Osamu, son oncle et son jeune frère.
Pour les amateurs curieux ces thés sont à découvrir chez Neo-T, 89 rue des Martyrs, 75018 Paris. Miyama Kirishima sencha (21€/100g), Kirishima Tennen Gyokuro Asatsuyu et Oku Yutaka (33€/50g)
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