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D'où vient la cannelle, cette épice magique indissociable des fêtes de Noël ?

De l'Asie à l'Europe suivez l'odyssée de celle qui a conquis le monde de ses senteurs envoûtantes

D'où vient la cannelle, cette épice magique indissociable des fêtes de Noël ?

D'où vient la cannelle, cette épice magique indissociable des fêtes de Noël ?

En Alsace, c'est la tradition, pas un mois de décembre sans les célèbres marchés de Noël. Une histoire qui remonte au XIVe siècle en Allemagne où ils étaient alors nommés Marchés de la Saint Nicolas. Rebaptisés au XVIè siècle Christkindlmarkt (marché de l'enfant Jésus) ils s’étendent alors à tout l'Est de la France, comme à Strasbourg à partir de 1570.
Aujourd’hui la magie des marchés de Noël envahie la France dès la mi-novembre et est indissociable des douces senteurs de cannelle qui s’échappent des préparations du vin chaud, des bredele, ces petits sablés en forme d’étoile très populaire en Alsace et de l’incontournable pain d’épices.

Retour sur l'Odyssée de cette épice qui a conquis le monde !

Née en Asie du Sud

De Ceylan ou de Chine, le cinnamomum, appartient à la famille des Lauraceae, tout comme la noix de muscade ou l’avocat. Son nom vient de « canna », qui signifie roseau en latin, et évoque sa forme arrondie obtenue à partir de l’écorce des branches du cannelier qui en séchant s’enroule sur elle-même. Connue depuis plus de 4 500 ans, la cannelle fait partie des épices renommées les plus anciennes. Dès le début du 3ème millénaire avant notre ère, elle est utilisée en Chine pour ses propriétés médicinales. Le cannelier de Ceylan est le plus prisé, car il produit la meilleure cannelle. En poudre ou en rouleaux elle est très parfumée et son goût est inégalable.

Acheminée par la route de la soie

La cannelle est déjà connue dans l'Antiquité sans que l’on sache vraiment d’où elle provienne. On la retrouve dans les écrits chinois, sanskrits et égyptiens, de même que dans l’Ancien Testament et la Torah. Aussi précieuse que l’or, la cannelle emprunte la route de la soie et des épices depuis l’Inde et la Chine jusqu’en Mésopotamie, puis vers les grandes villes de la Grèce antique et Rome. Elle y est utilisée pour ses vertus médicinales, en digestif, en fortifiant mais aussi comme épice pour aromatiser le vin. En Egypte on l’emploie dans le processus d’embaumement des corps, mais aussi à la confection de parfums et d’huile sainte. On raconte même que Cléopâtre en usait volontiers pour envoûter ses prétendants.

Découverte par les Portugais

Au XVIème siècle, les caravelles portugaises jettent l'ancre le long des côtes de l'île de Ceylan (actuel Sri-Lanka) et leurs équipages découvrent alors les cannelliers.
Pendant près de 140 ans, les Portugais s'assurent ainsi le monopole de la vente de cette épice en Europe occidentale. Au 17ème siècle les vaisseaux de la Compagnie hollandaise des Indes orientales reprennent Ceylan aux Portugais et leur enrichissant négoce.

Cultivée par les Hollandais

De 1656 à 1770, la cannelle acheminée en Europe par les Hollandais est prélevée sur des arbres sauvages. Ils vont ensuite réussir à cultiver le cannellier, ce qui leur permet d’accroître considérablement la production.
Pierre Poivre (1719-1786), le bien nommé, botaniste et administrateur colonial français dans l'Océan indien, dérobe aux Hollandais des plants de muscadier, de giroflier et de cannellier pour les implanter à l’Ile Maurice dans le célèbre jardin des pamplemousses. Rapidement, ils vont trouver de nouvelles terres d'accueil à travers le monde, Madagascar, Guyane et Antilles : c'est la fin du monopole !

Prisée en Europe

La cannelle, autrefois réservée à la noblesse européenne, va donc se démocratiser au XIXème siècle. Au fil du temps la cannelle se fait aussi une place de choix dans la gastronomie. D’abord utilisée au Moyen-âge pour masquer les mauvaises odeurs des viandes faisandées, elle obtient ensuite son statut d’épice pour relever les plats.
Au XIXème la bourgeoisie parisienne s’encanaille pour des bonbons à base de cannelle en provenance de Turquie chargés de récits fabuleux autour du sérail de Topkapi et de son harem, un succès dû à la probable virilité que ceux-ci apportaient à ceux qui les consommaient.
Aujourd’hui, on retrouve la cannelle dans de nombreuses recettes traditionnelles, comme les Kanelbullar, spécialité gourmande incontournable en Suède, les Bredele et le pain d’épices en Alsace, ou bien encore les Spéculoos, devenus la star des biscuits belges !

 


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