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Yannick Alleno et Yann Couvreur régalent la Haute-Société à La table de l’Orient Express

Ou quand l’apologie de l’entre-soi devient un argument de communication

Yannick Alleno et Yann Couvreur à La table de l'Orient Express

Yannick Alleno et Yann Couvreur à La table de l'Orient Express

On entend tout le temps parler de la crise, oui mais on sait bien qu’elle ne concerne pas tout le monde. La preuve, ces 63 diners « promesse d’une  expérience unique », qui seront  facturés la modique somme de 530 € et jusqu’à 590 € pour les accords mets-vins. Effectivement à ces prix-là elle a intérêt à être sacrément unique l’expérience !  Et pour la rendre unique, deux chefs seront aux commandes, Yannick Alleno, le chef triplement étoilé de chez Ledoyen à Paris et Yann Couvreur, « pâtissier anticonformiste » (c’est pas nous qui le disons) qui a œuvré dans différents restaurants étoilés et devrait normalement ouvrir en mai sa propre pâtisserie  « dans l’éclectique quartier de Goncourt à Paris ».

il peut paraitre démesuré, voire obscène,  de dépenser la moitié d’un Smic juste pour un diner !

Mais ce qui est le plus frappant, en dehors de ce prix, c’est cette apologie décomplexée de l’entre-soi.
« L’entre-soi » un terme un peu désuet qui est revenu si souvent chatouiller nos oreilles ces dernières semaines. Avec cette actualité brulante du scandale autour du centre d’hébergement d’urgence de 200 places prévu aux abords du très huppé 16ème arrondissement parisien. Et on revoit en boucle ces images de ces gens si chics, si riches, si tirés, si fourrés et si bien élevés insultants comme de vrais charretiers, la maire de Paris et tous ceux qui s’opposaient à eux.

La fronde du 16ème nous a fait « redécouvrir » ce petit monde si fermé de l’entre-soi, ce  « luxueux entre-soi » (ce n’est pas nous qui le disons c’est eux !) que propose la Table de l’Orient-Express, à Cannes, Paris ou Bordeaux, des villes déjà bien trustées par cette petite communauté de privilégiés.

Ni revanchards ni envieux, juste réalistes et indignés que, dans une période si sombre, il peut paraitre démesuré, voire obscène,  de dépenser la moitié d’un Smic juste pour un diner !

Pour l'Orient Express, un coup de com qui fait pchittt et à plus pour conséquence directe de nous énerver et de marquer au fer rouge les différences, entres ceux qui peuvent et ceux qui n’en peuvent plus !

« le voyage qu’elle propose est celui de tous les sens », à vomir, à pleurer, à hurler à nous en faire péter les tympans et à nous irriter fortement !
Et comme le dit si bien une citation de Marcel Proust, mise en exergue dans le dossier de presse de cet événement, « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »
Et c’est peut-être vrai qu’hier encore, avec nos vieux yeux, ceux qui ne voyaient que la jolie couche superficielle de notre monde, on aurait peut-être applaudi une telle initiative et on aurait été admiratif devant une telle débauche de moyens, mais voilà, avec nos nouveaux yeux ça pique un peu ! 
Des yeux neufs qui saignent encore des images dramatiques des événements de ces derniers mois. Avec ces nouveaux yeux on ne peut plus les fermer, on ne peut plus se la fermer. On ne peut plus fermer nos cœurs comme nos frontières et encore moins notre bouche face à ce monde de plus en plus inégalitaire, un monde qui n’arrête plus de marcher sur la tête, annonçant fièrement un repas à un prix aussi exorbitant !  

Et si au moins c’était pour une bonne cause !

Et ben non, nulle part il n’est fait mention d’un don. Pour aider les jeunes agriculteurs, les réfugiés, les femmes seules, les malades du Sida, les anorexiques, les orphelins des attentats - ce ne sont pas les causes qui manquent. A part le don de nous énerver, ces repas ne profiteront donc à personne, sauf aux privilégiés !

C’est bien de mettre en avant les petits producteurs, de faire des livres sur eux, de s’appuyer sur leur dur labeur, mais n’est-ce pas leur manquer de respect que de se retrouver en maitre de cérémonie d’un repas qui fait l'apologie de "l'entre-soi' et qu’ils ne risquent pas de se payer ? Et si déjà ils pouvaient juste se payer, déjà ce serait bien !

Suite à une certaine incompréhension d'une infime partie de nos lecteurs, nous soulignons ici qu'il ne s'agit absolument pas d'une attaque envers ces chefs, mais plus d'une réaction épidermique très forte quant au contenu et aux termes utilisés dans un communiqué réservé à la presse, dont les termes "Luxueux entre-soi" "privilégiés" sont directement tirés.


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