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Le Clos aux Roses à Chédigny

Une bonne adresse gourmande, près de Tours, dans un petit village d'Indre et Loire

Le Clos aux Roses à Chédigny

Le Clos aux Roses à Chédigny

Dans le temps, on y allait au bal. En effet, les jeunes ouvriers des fermes de la région venaient y danser et boire un verre après une dure journée de travail. Tout le monde se connaissait; on prenait des nouvelles des frères et sœurs de chacun. Chédigny, pas très loin de Loches, avec son café était ainsi le lieu d’attraction de la région. Mais l’exode urbain et les changements de mode de vie sont passés par là mettant bien à mal ce petit village de l’Indre et Loire.

La population décroit et vieillit, le village se meurt. Au début des années quatre-vingt, la municipalité décide de se battre pour faire revivre la commune : aménagement d’un terrain pour la construction d’un lotissement, politique fiscale attrayante pour aider des artisans à s’installer, lancement d’un festival estival dont la thématique évolue au cours des décennies. Le pari semble gagner mais le café ne retrouve pas sa gloire d’antan. Au pays de Rabelais, de la bonne bouffe et du bon vin, il est difficile d’avoir une offre attractive au niveau des prix et intéressante d’un point de vue gastronomique. C’est simple, dans la région on mange bien mieux chez soi qu’au restaurant.

Dans ces conditions, difficile de maintenir un lieu de restauration. Et effectivement Chédigny malgré ses efforts voit les propriétaires passés à la tête du restaurant, les uns après les autres, sans qu’un entrepreneur puisse relever le défit. Pour mettre fin à la spirale des désastres à répétition, la mairie décide de monter un nouveau projet où le propriétaire serait libérer du foncier. Le projet est ambitieux.

A la fois brasserie / restaurant avec des chambres d’hôte pour étoffer l'offre en hôtellerie de la région, le lieu sera aussi un relais Poste et un point presse ; la Communauté de communes achète le foncier, l’Etat et la région financent la restauration des bâtiments. Le Clos aux Roses ouvre en mai 2011 avec Stéphane Tortissier à sa tête et un chef en cuisine. Stéphane n’est pas un inconnu dans la région puisqu’il est propriétaire de la pizzeria Le Sforza à Loches. Le restaurant axe sa carte sur les fruits de mer. Un nouveau menu tous les deux mois renouvelle l’offre et permet aussi de se faire plaisir en cuisine. Après deux ans et demi, la greffe a bien prise, la formule fonctionne. Tous les midis, le restaurant fait salle comble et la cuisine est toujours de qualité.

La salle bruyante mériterait une insonorisation digne de ce nom. Les tables sont larges, les sièges confortables. En salle le personnel, dont le patron, est souriant, rapide et offre aux clients un service agréable. On se sent bien. La carte des menus en main, les convives sont prêts pour le repas. Le menu brasserie à 13€ (entrée, plat, dessert) est différent chaque jour. C’est le menu des habitués qui assure le fond de commerce du restaurant. Les cartes « gastronomiques » quant à elles font la part belle aux fruits de mer, spécialités du restaurant.

En attendant le repas, des bouchées d’un méli-mélo de saumon et de mangue habillées d’une tranche de figue accompagnent avec plaisir un verre de Coteaux du Layon du Château de la Roulerie des deux frères Germain. Un vin frais avec un bel équilibre acidité / sucre sur les agrumes qui se marie bien avec ses cuillères fruitées. « L’insolite » 2011 de Thierry Germain (31€) trouve ici une place de choix sur la table et vient flatter nos papilles avec délice au cours du repas. Pas de décoration surfaite dans les assiettes, ni de tentative d'une pseudo-cuisine moléculaire. Ici on ne joue pas à la dinette, on est là pour manger ; c’est le plaisir des papilles qui est privilégié.

La cuisine est inventive ; par exemple pour les entrées ces sucettes de foie gras de canard panées avec des noisettes qui ressemblent à des eskimos ou encore ce filet de bar mariné, à peine cuit posé tiède sur un lit refroidi de topinambours et châtaignes. Les plats les plus simples trouvent leur plus belle expression comme une simple brochette de gambas grillées mise en valeur avec un beurre d’ail relevé de piments d’Espelette.

Même l’assiette de fromage, sait se montrer créative ; des tranches de Sainte-Maure, quelques une servies sans accompagnement et deux autres servies à peine fondante sur une tranche de pain chaud et un chèvre frais à l’ail et aux herbes. Des chèvres de la Fromagerie Deschamps qui a pour particularité de cultiver ses propres céréales pour nourrir son troupeau. Les desserts sans prétention concluent agréablement ce repas. On note les boules glacées qui viennent flatter le regard dans leur écrin de tulipe en tuile ou une délicieuse tarte aux pommes.

A l’été 2013, Chédigny confirme sa vocation à redevenir un pôle d’attraction mais ce coup-ci pour les amoureux de la fourchette en organisant le festival « De bouche et d’oreille » qui met à l’honneur le repas paysan et la tradition culinaire. D’ailleurs l’été, la terrasse du Clos des Roses sous la pergola vaut le détour si vous êtes dans la région. Une excuse de plus pour découvrir ce village qui a reçu cette année le label « Jardin remarquable ».


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