Dans la foulée du mouvement alter-mondialiste qui a connu ses grandes heures il y a quelques années, le qualicatif « alter » a été utilisé à tort et à travers. Tout est un peu devenu alter : altermundi, altergusto, alter-eu, altereco, etc. L'alter-vin ne serait-il pas qu'un concept vide de sens ? Pour nous faire notre propre idée, nous avons interrogé les deux auteurs du « Guide de l'alter-vin » sorti chez François Bourin en 2012.
Qu'appelez vous alter-vin ?
Laurent Baraou :
Sous ce nom, les deux auteurs que nous sommes ont souhaité regrouper ce qui n'est pas industriel, ce qui n'est pas formaté par un marketing mondialisant, ce qui ne tend pas vers la médiocrité conventionnelle.
En effet, des vignerons, non sans philosophie, produisent des vins authentiques, typés, sans tricheries, sans maquillages. Des vins que nous aimons voir comme honorables, buvables, durables.
Sans rejoindre totalement le journaliste Jamie Goode (qui avait annoncé que 90% des vins produits sont de la merde sans intérêt), la grande majorité des vins ne m'intéresse pas franchement, voire me fait chier (pour rester dans l'approche scatologique). Pour autant je ne dirais pas que les vins en question sont de la merde. Je pense même qu'une bonne partie des vins produits aujourd'hui (peut-être pas la majorité) sont des vins qui ne présentent ni défauts rédhibitoires ni caractéristiques difficiles à apprécier. Et justement c'est bien ça qui les rend chiants comme une réunion de travail qui s'éternise à cause d'un beau parleur qui n'a rien d'intéressant à dire mais qui veut se faire remarquer.
L'Alter-vin est produit dans le respect du terroir. Le terroir dans ses trois dimensions : faune-flore, sol et sous-sol, intervention humaine (agriculture, vinification, commerce...). Il a une véritable identité.
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