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Coup de gueule contre le Cheeseday sur les réseaux sociaux par Véronique Richez-Lerouge

A retrouver ce dimanche à 11h en direct sur France Inter dans l'émission de François-Régis Gaudry "On va déguster" où elle viendra parler de son dernier ouvrage "Main basse sur les Fromages AOP" ou comment les multinationales contrôlent nos appellations !

Main Basse sur les fromages AOP nouvel ouvrage de Véronique Richez-Lerouge, Erick Bonnier Editions

Main Basse sur les fromages AOP nouvel ouvrage de Véronique Richez-Lerouge, Erick Bonnier Editions

Pour ceux qui ne connaissent pas Véronique Richez-Lerouge, elle est présidente de l’association Fromages de Terroir et milite depuis 15 ans pour la sauvegarde des vrais fromages français, un patrimoine unique au monde. Elle défend ardemment un des piliers de notre gastronomie, le fromage, le vrai, celui fait par nos petits artisans et non celui proposé par les multinationales de l'agroalimentaire. Elle est l'auteur de "France, ton fromage fout le camp" paru en  2012, dont nous avions parlé ici  !

Ce jeudi sur le réseau social FaceBook elle a poussé un vrai coup de gueule contre un événement qui revient pour la deuxième année consécutive le "CheeseDay", une journée et une soirée sponsorisés par les industriels du lait et soutenu par des MOF fromagers et des chefs étoilés. 

Nous avons bien sûr demandé à l'intéressée si nous pouvions retranscrire ses propos, ce qu'elle a accepté, car pour elle l'important, outre le fait qu'elle est en pleine campagne de promotion de son livre, c'est que son message pour soutenir nos petits paysans et producteurs touche le plus grand nombre. Nous avons donc décidé de reproduire intégralement son coup de gueule !

Le mot terroir est vidé de sons sens, avec l'appui des collerettes bleu blanc rouge qui cautionnent ce CHEESE DÉCADENCE DAY.

"Si mes combats vous intéressent, si la cause des producteurs laitiers et des fermiers qui sont à la base de TOUT vous interpelle, si le lait et le fromage sont pour vous des aliments d'exception avec une place particulière dans notre gastronomie, alors manifestez-vous, car nous vivons les dernières années des fermiers, des artisans, des producteurs de lait avec 25 vaches... Après eux, ce sont les fermes des 1 000 vaches, les faux fromages, les AOP de carnaval, les fromagers d'opérette, les chefs étoilés plus stars que cuisiniers, bref, un Disneyland de la gastronomie qui pourra peut-être convaincre des pays sourds et aveugles, habitués au goûts formatés, grossiers, linéaires, sans surprise dans lesquels se sont insérés toute la puissance de la chimie pour faire croire que le show continue. Mais nous les Français et même, les Européens, nous aurons la gueule de bois. Du cantal on en aura toujours mais il ne sera plus le même, un ersatz, tout au plus, c'est déjà le cas. Du camembert aussi, on s'efforcera de vous faire croire qu'il est toujours là. Mais quand les multinationales en embuscade auront finalement obtenu ce qu'elles veulent et que les derniers auront jeté l'éponge, on en est pas très loin, on trouvera un camembert générique soi-disant AOP fabriqué par la même multinationale. La liste est longue, les dégâts sont importants, l'agriculture intensive a massivement détruit notre patrimoine avec la complicité des consommateurs qui achètent des fromages comme des paquets de lessive. On pourrait même dire que le téléphone portable et la voiture ont plus d"importance que le contenu de l'assiette, tant le budget consacré à l'alimentation a chuté.
Je pensais naïvement que du côté des chefs et des MOF, il y avait encore des convictions, mais même là, on préfère détourner le regard et faire semblant. Avec le sourire, on amuse la galerie et on lui fait avaler n'importe quoi. Évidemment, il reste des chefs, et des MOF militants et conscients. Mais quand même, le nombre des inconscients complices et intéressés est phénoménal.
On ne peut que déplorer la présence de chefs étoilés dont on peut apprécier leur capacité à faire le grand écart entre excellence et médiocrité, et les MOF Fromagers dont on se demande à quoi sert leur titre, quand ils osent soutenir un événement comme #CHEESEDAY, financé par des multinationales comme Savencia et Sodiaal, avec l'aide du Cniel (organe de promotion de l'industrie laitière), pour promouvoir des marques comme Entremont, Caprice des Dieux, Saint Agur, au prétexte d'une journée dédié aux fromages de terroirs, c'est un scandale.

Savent-ils vraiment ce qu'ils font? Oui ils le savent, ils font leur beurre. Cuisiner avec du St Agur, quelle belle performance ! Ces pâtes fromagères bourrées de protéines sériques sont de vulgaires copies de vrais fromages disparus depuis longtemps. Les multinationales qui fabriquent ces produits sont celles-là même qui matraquent sans vergogne les producteurs de lait. Ce sont celles-là qui détiennent les deux tiers des fromages AOP et déciment les derniers producteurs. Mais cette réalité ne les gêne pas, car après eux, il y a aura des fermes usines pour fournir le pétrole blanc. Et la chimie viendra au secours de la pauvreté des produits. Qu'il existe des festivités industrielles, je n'y vois à rien à redire mais dans ce cas, sans les MOF, sans les étoilés. La ligne jaune est franchie.

Voilà un bel exemple de supercherie. Le mot terroir est vidé de sons sens, avec l'appui des collerettes bleu blanc rouge qui cautionnent ce CHEESE DÉCADENCE DAY. Ces ambassadeurs rigolards ont prévu de s'envoler aux États-Unis pour faire rayonner cette journée et vanter les mérites des fromages français, avec l'image tricolore !! Au royaume des aveugles, le borgne est roi. Malheureusement même chez nous, on est aveugle.
Cela illustre parfaitement mon propos dans mon prochain livre qui sort le 23 février. "Main basse sur les fromages AOP". Comment les multinationales contrôlent nos appellations, Erick Bonnier Editions"

Véronique Richez-Lerouge


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