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Et si nous devenions tous freegans ?

Freegan ou la lutte antigaspi.

Et si nous devenions tous freegans ?

Et si nous devenions tous freegans ?

Le mouvement Freegan - mot issu de la contraction de « free » pour gratuit et « vegan » pour végétarien - est né aux États-Unis d'Amérique, un pays très concerné par le gaspillage, pour protester contre le consumérisme à outrance et le gaspillage alimentaire. Le "freedganisme" consiste à vivre en se nourrissant gratuitement sur la base des produits retirés de la vente ou destinés à être détruits.

Mais comment en est-on arrivé là ?

L'état actuel de notre société pousse certains à fouiller les poubelles pour remplir leurs estomacs, y compris celles des restaurants et des grands magasins alimentaires, parfois de façon organisée – il existe même des applications pour smartphones (comme quoi, même le ventre vide, le consommateur trouve de quoi payer son abonnement) !? Mais cela dérange et ce n'est pas toujours légal (suivant le cas).

Le constat fait mal : entre un tiers et un quart des denrées alimentaires produites dans le monde sont perdues ou gaspillées (pendant que dans l’Union Européenne environ 80 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et 16 millions dépendent d'aides alimentaires). C'est pourquoi l’Union Européenne avait élue 2014 « année de lutte contre le gaspillage alimentaire ». En France, la chaîne de télévision M6 avait contribué à cette lutte en réunissant des chefs autour de Cyril Lignac afin de mobiliser les consommateurs et les professionnels de la filière alimentaire.

Avec le mouvement freegan il s'agit donc de lutter contre le gaspillage alimentaire et « faire les poubelles » devient alors un acte militant. Pour certains restaurants marginaux le but est de constituer des menus à partir d'ingrédients non commercialisables, afin d'offrir une prestation alternative et peu coûteuse. Le plus grand gaspillage de nourriture venant de la destruction d'aliments déclarés "impropres à la vente", le principe est simple et économique : les cuisiniers récupèrent des aliments destinés à la poubelle pour élaborer des recettes à moindre coût. Un des meilleurs exemple est le restaurant végétarien Freegan Pony, situé dans le Marais qui fut un des premiers du genre à cuisiner avec les invendus de Rungis.

À noter une autre initiative, passée relativement inaperçue, qui consiste (suite à un accord entre restaurateurs et gouvernement)  à proposer des sacs aux clients afin qu'ils puissent rapporter leurs restes. Le « doggy bag » dont les français ne semblent définitivement pas fans.

La ville de Paris a quant à elle sollicité différents acteurs de la filière pour créer une lutte contre le gaspillage alimentaire.  La Mairie de Paris s'est alors associée avec l’Agence Nouvelle des Solidarités Actives afin de recenser des volontaires et travailler sur ce projet et combattre collectivement dans le cadre du Pacte National de lutte contre le gaspillage Alimentaire.

Le Gaspillage Alimentaire, un enjeu National ?

Le gaspillage alimentaire inquiète les politiques et les divers acteurs sociaux. Sur le site Change.org une pétition en ligne invite à soutenir la démarche d'un élu soutenu par le cinéaste Matthieu Kassovitz.
En Région Parisienne, l'enseigne anglaise de restauration rapide Prêt à Manger à mis en place un « Charity Van » qui assure la collecte sur ses 11 points de vente afin de distribuer leurs invendus à des associations caritatives (un engagement que cette chaîne respecte à Londres depuis sa création en 1986).

Le gaspillage (qui ne se limite donc pas aux appareils à la durée de vie limitée par les fabricants) touche en particulier les fruits et les légumes dès leur production. En effet, le tri effectué par l'aspect visuel et le calibre génère la destruction d'une grande partie de la production agricole. Bien sûr, face à ce scandale, la grande distribution a réagi (une bonne opération de communication) en proposant des « fruits et légumes moches  », tout autant consommables que les "normés" mais vendus moins chers (et achetés bien moins chers). Ces opérations connaissent du succès et les producteurs se mettent du coup à proposer aux consommateurs des fruits et des légumes aux formes bizarres.

Mais une autre source de gaspillage reste liée aux grandes surfaces commerciales. Leurs rayons bien remplis, donc attirants, génèrent des pertes puisqu’une partie des produits se retrouvent dans les poubelles à cause de la Date Limite d’Utilisation Optimale. C'est en partie pour cela que le 3 mars 2015 les sénateurs ont voté la suppression de la DLUO, source de confusion pour le consommateur avec la Date Limite de Consommation.

Et il ne faut pas oublier ces arbres fruitiers qui couvrent nos campagnes, ou ces champs de légumes, qui "exhibent" une partie de leurs fruits délaissés. On aimerait pouvoir les grappiller ou les glaner mais aucune loi ne le permet vraiment (malgré certains usages). En effet, même accessible, un verger ou un champ dont les fruits ou légumes sont manifestement abandonnés, ne peuvent être soumis au grappillage ou glanage, même pour les fruits tombés.

Dernier gaspillage et non des moindres, celui du consommateur, qui a souvent les yeux plus gros que le ventre, et dont une partie des aliments frais achetés sont finalement jetés.

Et pour finir, il ne faut pas oublier la cuisine sauvage issue de la pêche, de la chasse et de la cueillette ; dans le respect des lois et des us et coutumes, bien évidemment.

Flexitariens ou pas, soyons freegans !


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