Vous présidez la Street Food en mouvement, concrètement vous en êtes-où ?

On a écrit un livre blanc sur la street food. Pourquoi ? Pour poser un cadre, parce que sinon c'est tout et n'importe quoi. On dit la street food c'est le kébab, mais non la street food ça peut être aussi un très bon charcutier, un très bon boulanger, un très bon boucher, qui prennent un kiosque en face du parc Monceau. Il n'y a pas que de la merde dans la street food.

En fait, on s'est dit que pour la profession, il fallait poser un cadre pour que la restauration classique ne se sente lésée par le non-droit imposé à ce type de restauration. C'est aussi pour dire aux pouvoirs publics qu'il y a un cadre légal qui a été posé avec un référentiel que nous, on impose pour tous les gens qui sont adhérents.

On accompagne les maires de France qui ne savent plus comment répondre aux demandes des camions, parce qu'on sait que les camionnettes ça ne marchera pas, ce n'est pas l'avenir de la Street Food !  On est en train de faire le maximum pour débarrasser les villes des voitures, ce n'est pas pour y ajouter des camions, et des camions qui polluent en plus.

On va plutôt aller vers le kiosque, l'emplacement sur les marchés, afin de proposer une vraie alternative.

Vous ne pouvez pas demander à un maire d'une commune qui commence enfin à se débarrasser des véhicules, des nouveaux stationnements, voire lui imposer les camions à la sauvage (comme c'est le cas à Los Angeles).

En plus, cela sera plus équitable par rapport aux autres restaurants qui eux payent une patente à la ville. Avec la Street Food en Mouvement, nous sommes un intermédiaire entre les pouvoirs publics et les demandeurs, parce qu'il leur faut un cadre légal. Et les pouvoirs publics ça leur va bien parce qu'ils ne savent pas faire.

Nous en France, on dit aux restaurateurs français, vous n'êtes pas exclus de la rue !

Vous imaginez une organisation de la Street Food comme à New-York ?

C'est un peu différent. À New-york se sont les attentats du 11 septembre qui ont fait bouger les choses. Le maire Rudy Giuliani, a voulu savoir qui faisait quoi en bas des immeubles, alors il a décidé de faire la police. Il a ensuite obligé les vendeurs des rues à sourcer leurs produits, pour garantir la qualité du produit, être irréprochable et totalement transparent pour ne pas faire de concurrence déloyale aux autres restaurateurs. Aujourd'hui tout est contrôlé et pour pouvoir vendre dans la rue, vous devez avoir tous vos papiers en règle, c'est très strict.

Nous en France, nous disons aux restaurateurs français, vous n'êtes pas exclus de la rue. Vous avez un pas-de-porte, vous vous dites j'ai un savoir-faire et vous pouvez par exemple prendre un kiosque sur le parvis de la Défense, vous êtes légitime en restauration sédentaire alors pourquoi pas en restauration à emporter ? Et donc notre vision de la Street Food n'exclut plus personne. Je comprenais très bien que les restaurateurs voient d'un très mauvais œil, les gens qui s'installent dans la rue, ne paient pas de taxe, louent leur emplacement à des prix dérisoires et achètent des produits non sourcés et au final vers qui vous ne vous plaignez jamais. C'est vrai, vous allez vous plaindre chez un restaurateur parce qu'il est référencé, mais pas quand vous mangez un mauvais kébab à Barbès. Après un mauvais kébab, si vous avez mal au bide, vous vous dites, je n'avais qu'à pas manger ça et vous ne vous retourner pas contre le revendeur. Alors que quand vous mangez mal chez un restaurateur, vous allez engager plus vite une action contre lui, en direct ou sur les réseaux sociaux.

Nous ce que nous proposons avec la Street Food en Mouvement, c'est  un vrai cadre. Nous mettons ça en place avec les différents intervenants du secteur (L'UMIH, les services vétérinaires, les minicipalités...) afin d'aider les mairies et faire comprendre aux restaurateurs qu'ils ne doivent pas avoir peur de cette nouvelle forme de restauration et que eux aussi peuvent devenir des acteurs dans la rue.


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