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La vérité est dans le chapeau de...Jean-Michel Deiss, vigneron en Alsace, épisode 1

Jean-Michel Deiss, tire au sort des mots dans son chapeau et réagit

Jean-Michel Deiss :

"L’équipe… J’en ai parlé… équipe, le team, l’équipe qui gagne le championnat du monde, ça c’est pour moi très important, je ne suis rien sans mon équipe et ils sont perdus sans moi, voilà ! On est les deux doigts d’une même main, on est soudés… Depuis le début je trouve qu’une des choses les plus exaltantes c’est quand des êtres humains mettent leurs différences en commun, se rassemblent autour d’un objectif et quoi qu’il arrive et quelques soient les difficultés et le prix à payer… ils vont ! Voilà, les mecs qui ont chargé avec des baïonnettes contre des mitrailleuses, c’est les mêmes, voilà c’était des équipes, des gens qui croyaient en quelque chose et qui ont été. Et bien aujourd’hui les gens qui piochent une vigne dans la situation qui est la nôtre, on ne peut pas les payer en retour, notre système ne l’autorise pas, parce que on en a pas, 1 : les moyens, 2 : on n’arriverait pas à l’expliquer même et est-ce que les clients le paieraient ? Donc oui, notre système il pêche beaucoup parce qu’on n’arrive pas à payer le vrai amour, on n’arrive pas à payer le vrai engagement, on paye juste la présence, les 35 heures, les 39 heures, les 42 heures, les heures que vous voudrez finalement, mais on ne paye pas la vraie énergie et donc il y a énormément de gens qui ne trouvent pas leur place dans des entreprises et dans des projets, parce qu’il n’y en a pas forcement de projet dans ces entreprises-là. Ma fierté c’est d’avoir fait une entreprise où il y a un projet avec des équipes qui en font partie.

François Bouchet… ah ! Alors là tu as tapé juste ! Un des hommes les plus profonds et des plus droits, au sens d’un piquet de vigne… droit, que j’ai rencontré, quelqu’un d’honnête jusqu’au bout, quelqu’un qui expliquait simplement des choses subtiles, quelqu’un qui m’a beaucoup aidé, qui m’a tenu la main un petit peu au départ. Qui n’avait pas peur quand j’ai dit : « on passe l’ensemble du domaine en biodynamie » sans essai préalable, sans essayer sur 50 ares pour expérimenter. On fait tout parce qu’on pense que c’est important et que c’est utile, donc on ne va pas le faire sur un petit bout, on va le faire complètement, il m’a dit : « Ok on fait, je t’accompagne. » Je lui baisse le bob.

Transmission… ah ça c’est un beau mot, transmission c’est un mot qui est dans mon actualité profondément parce que je transmets les 2 ou 3 choses que la vigne m’a apprise à mon garçon, peut-être le deuxième, le cadet, va nous rejoindre, je ne sais pas, peut-être c’est sa décision ? En tout cas je suis dans la transmission, donc finalement c’est une mission difficile et en même temps exaltante parce que je dois transmettre la capacité à aimer, la capacité à ressentir quelque chose qui se situe en dehors des normes qui sécurise l’être humain, ce qui est de l’ordre des normes on peut l’apprendre comme on apprend une recette de cuisine, un dictionnaire, un article de loi et moi je dois transmettre quelque chose de plus subtile, quelque chose de plus foisonnant, quelque chose de plus créatif, quelque chose qui met plus en danger et c’est ce qui en fait la dimension totalement passionnante. Je ne sais pas si je vais réussir, mais en tout cas j’y travaille dur. J’ai beaucoup de compliments sur mon garçon qui me rendent très fier, il y a plein de gens qui me disent que c’est quelqu’un de vraiment bien, qui a peut-être plus que moi, la bonne distance aux choses et aux gens, moi je suis un enthousiaste donc c’est plus compliqué… en tout cas c’est un joli mot."

Retrouvez Jean-Michel Deiss, demain mardi 23 mai, pour la suite, 


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