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Du baume au cœur pour Vincent Baumet

Un vigneron provençal sans concession pour un vin de qualité en appellations Massif d'Uchaux, Rochegude et Côtes du Rhône

Du baume au cœur pour Vincent Baumet

Du baume au cœur pour Vincent Baumet

C’est la stupeur, l’étonnement dans la famille quand Vincent Baumet et sa compagne Dominique Pieracci se mettent à table et déballent tout : leur difficulté, leurs envies de faire du vin et annoncent en ce jour de 2010 leur intention de quitter la coopérative et de vinifier leurs propres vins.

Car chez les Baumet, on travaille la terre depuis plusieurs générations. Au fil des ans la polyculture est abandonnée et seule la vigne est conservée à l’exception de quelques oliviers. L’ensemble de la production est livrée à la coopérative. C’est l’âge d’or de la « chimie viticole ». Même s’il suit la route tracée par les anciens, vingt ans de cette vie ont épuisé Vincent. L’envie de faire du vin, sans chimie taraude le couple. Car si Vincent a fait des études de viti, Dominique n’est pas en reste. Fille d’une famille de vignerons, ses grands-parents étaient métayers d’un domaine à Bandol, elle a tout naturellement suivi une formation en viticulture.

Le domaine de 30 hectares compte 4 hectares en appellation Massif d’Uchaux, 20 en Rochegude et le reste en Côtes du Rhône. Le domaine prend comme logo la roue catalane. Dominique précise : « Quand nous avons commencé à faire du vin, les vieilles familles du village de Lagarde Paréol nous ont apporté le fouloir qui appartenait aux 5 familles vigneronnes du temps des grands-parents de Vincent, nous disant que nous étions les seuls à faire du vin, et qu’il nous revenait de droit. C’est donc naturellement que la roue d’entrainement de ce fouloir est devenue l’emblème du domaine. »

Dès le début la vigne est conduite en Bio, la certification arrive en 2013.
Pour le premier millésime, la cave et le matériel sont prêtés par la famille Perrin, les propriétaires d’un des domaines les plus réputés de la région, Château de Beaucastel. Le raisin est magnifique et si une partie est livrée à la coopérative, cinq cuvées sont produites pour à peu près 20 000 bouteilles. En 2011, on explique gentiment au père que les vieilles caves familiales de Rochegude qu’il avait transformées en garage vont reprendre du service. Non ! Plus de soudure à l’arc et surtout pas question de stocker du fuel ici pour préserver l’air de toute odeur parasite. Mais si la qualité du raisin est là et la passion, le moteur de cette nouvelle aventure, les résultats se font attendre. Afin d’assurer un revenu minimum, une grande partie du millésime 2011, à l’exception du rosé et du blanc, est vendu au négoce. En 2012, il en est de même, le négoce ; mais le domaine conserve tout de même le Massif d’Uchaux et le blanc ; les deux sont toujours en cours d’élevage.

A la cave, le couple parie sur des élevages longs avec le moins d’intervention possible. Pas de levurage mais des levures indigènes, ni de collage et la filtration se limite aux grosses particules. Les blancs sont élevés séparément et assemblés uniquement au moment de la mise. Le So2 utilisé est sous forme liquide, pur, sans potassium pour le conserver.

Les cuvés actuellement disponibles


- « La Pointe du jour » rosé 2011. Assemblage de syrah et de grenache. Les raisins sont vendangés au petit matin pour les garder le plus frais possible. Pressurage direct. Elevage pendant 11 mois sur lie.

- Côtes du Rhône Velours 2010. Assemblage de grenache, syrah et carignan issus d’un sol argilo-calcaire très caillouteux, des galets ronds blanc à jaune appelés « Grès clair ». La cuvée porte bien son nom. La bouche est soyeuse à souhait sans sur-maturité.

- Côtes du Rhône Cuir 2010. Assemblage de grenache, syrah et carignan issus d’un sol sableux/calcaire/galets roulés. Les galets et la terre sont d’une dominante rouges dus au fer oxydé.

- Rochegude blanc 2010. Assemblage de grenache blanc et de bourboulenc issus d’un terroir de garrigues provençales. La grenache est élevée en barrique et le bourboulenc en cuve, pendant un an sur lie. Nez discret. Bouche fraiche sur le zeste d’orange avec cette légère amertume si caractéristique qui se termine sur le miel. Cette bouche fait penser fugacement à la Mandarine Napoléon. C’est assez intrigant mais au final très agréable.
On en redemande !

- Rochegude rouge 2010. Assemblage de grenache, syrah et mourvèdre issus d’un terroir de garrigues provençales et de massifs montagneux. Un nez issu de son terroir, romarin/thym. Bouche ample, sans défaut. Tanin rond. Pointe d’amertume qui apporte ainsi une autre dimension à la complexité de ce vin.

- Massif d’Uchaux 2010. Assemblage de grenache , syrah et carignan de très vieilles vignes (faibles rendements). Sol très calcaire à silex, lauzes empilées au cœur du Massif d'Uchaux qui culmine à une altitude de 300m. Vin bien fait avec un alcool très présent. Bien que la bouche soit déjà très agréable, à garder quelques années pour mieux apprécier.

Ne courrez pas chez votre caviste pour découvrir ces nectars. Malheureusement, à quelques exceptions prêts, l’essentiel des ventes sont faîtes sur le domaine ou lors des salons à destination des particuliers.
D'ailleurs les habitants de La Seyne-sur-mer connaissent bien Vincent. Ils ont eu tout à loisir le temps de l’admirer dans le plus simple appareil quand il prenait la pause sur une affiche, un tonneau pour cache-sexe, afin de faire la promotion du salon local, « L’esprit du vin ». D’ailleurs si vous croisez le couple au cours d’un de ces salons, n’hésitez pas à leur demander de goûter leurs vendanges tardives, une véritable passion chez Vincent.


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