Pourquoi choisir des vins consensuels ? Bien évidemment le repas de Noël n'est pas censé causer un débat politique au sein de la famille, surtout au lendemain d'une élection, mais c'est bien ce qu'il se passera souvent, avec une dose de conflit entre générations.
Le vin n'est pas une religion mais il peut être cause de guerre de chapelles, d'affrontements idéologiques, d'oppositions écologiques, de bagarres d'ivrognes ; et alors ? Puisqu'il y aura dispute familiale, pourquoi ne pas choisir le terrain du vin et de l'alcool, plutôt que celui de la politique ou de la guerre ?
Nous avions déjà cassé les codes dans Fuck le blanc et Fuck le rouge allons-y donc gaiement, Fuck Coca-Cola et son père Noël rouge et blanc !
Oublions donc le champagne à l'apéritif, même les excellentes cuvées de Charlot Père et fils (que Pierre Charlot nous pardonne, nous y reviendrons en d'autres occasions qui ne manquent pas en cette période), pour servir, tel Alain Juppé dans sa Mairie (il s'y est engagé paraît-il), un Crémant de Bordeaux. Oh ce n'est certes pas un choix facile mais la cuvée « Symphonie d'amis » du Domaine La Courtiade Peyvergès fera très bien l'affaire et surprendra positivement les convives. Et si vous avez une vision des bulles plus à droite (de la carte) vous pouvez en choisir une alsacienne.
Pour les huîtres, qu'elles soient Marennes-Oléron de la famille Roumégous, celles des Parcs Saint-Kerber de Stéphan Alleaume à Cancale ou celles de Prat-Ar-Coum d'Yvon Madec ou bien encore pour les plus chanceux l'huître Saint-Honoré ramassées du côté de Maldon (chez Terra Gourma) vous allez vous passer de blanc de Bourgogne, y compris les excellents Chablis de Sébastien Christophe, de Fabien Dauvissat, d'Isabelle et Denis Pommier, de François Raveneau, de Daniel-Etienne et Paul-Etienne Defaix, de Thomas Pico, d'Alice et Olivier De Moor ou de Vincent Dauvissat (qu'ils nous pardonnent tous, nous en avons bu des litres parfois sans modération, et nous continuerons). Dans cette quête du conflit gustatif, nous vous proposons de servir un Cognac VSOP Grande Champagne de Pierre de Segonzac.
Arrive la viande, le chapon à la new-yorkaise en l'honneur de nos alliés. Mais cette année, en cette période de fêtes faites fi du Bordeaux rouge vieilli par papé au fond de la cave. Optez pour le rouge nord américain (en hommage aux peaux rouges) avec par exemple un Pinot noir (qui n'a que la peau rouge car son jus est blanc) de l'Oregon (on vous laisse le choix du producteur, c'est déjà assez compliqué comme ça).
Un plateau de fromages ? Soyons fous, cherchons la bagarre jusqu'au bout. Servez, un grand Sauternes, vieux si vous avez, un Château Raymond Lafon pour sa juste élégance, son équilibre classique, et parce qu'on trouve encore des 2009 à la propriété (c'est pas vieux mais c'est très bon).
Il faut bien se rafraîchir un peu alors ce sera pour accompagner une bûche légère un sauvignon aux notes d'agrumes bien mûrs et de fruits jaunes, avec des touches acidulées qui en font un beau vin d'apéritif ou de début de repas avec des huîtres pas trop iodées quand même ; voire un joli vin de fin de repas pour des accords originaux autour des agrumes. La cuvée Les Demoiselles de Larrivet Haut-Brion blanc 2013 en AOC Pessac-Léognan. À noter que nous avions déjà sélectionné cette cuvée fin 2012 pour un accord sur le côté gras et toasté avec le millésime 2010.
Et pour attendre ce foutu Père Noël qui, sans parti-pris politique ni religieux, et c'est pas pour cafter, ne passera pas la fin de l'année (hommage à Pierre Desproges qui ne buvait pas de l'eau quand il mangeait encore des nouilles) vous ouvrirez un Bas-Armagnac de Laballe.
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