Au nord-ouest du Capitolino (Capitole) s'étend le Campus Martius (Champ de Mars). En son sein : la piazza Navona (place Navone). Au sud de celle-ci, empruntez la ruelle à droite. Au bout de la via di Pasquino est érigée la statue du même nom. En face : le Cul de Sac. Incontournable.
Voici quelques onze années, je découvrais Rome... Et le Cul de Sac, l'enfilade de ses tables et banquettes en bois, sa carte des vins épaisse comme un bottin, ses impressionnantes étagères murales suspendues où, dans la multitude, les vins rouges sont cueillis au moyen d'une canne, ses plats simples et gourmands ('salumi e formaggi - specialità gastronomiche artigianali' revendiquent les lieux)... Quelle ambiance !
Oui : l'ambiance ! J'y suis d'ailleurs retournés plusieurs fois pendant ce même séjour. Il me faut reconnaître que cette institution (l'enoteca existe depuis 1977) met le pied à l'étrier quant à la découverte des vins et de la gastronomie de la péninsule.
J'y suis revenu lors de chaque nouveau séjour. Mais l'endroit présentait graduellement moins de magie. L'influence des guides touristiques ? Possible. Et pourtant, rien n'avait fondamentalement changé, si ce n'est la perte alors indicible de ce petit 'je ne sais quoi' d'authenticité...
Six années se sont écoulées.
Lors de mon dernier passage, de prime abord, rien n'a fondamentalement changé. Et pourtant...
Un couple anglophone, quelques tables plus loin, se contente de siroter des sodas à base d'orange.
Un vin blanc m'apparaît s'imposer pour se rafraîchir. Va pour Marco Carpineti cuvée Moro Indicazione Geografiche Tipiche Lazio blanc 2014 (20€ euros).
S'engage spontanément une discussion à bâtons rompus avec un membre du personnel sur, entre tant d'autres choses, les produits, les vins du pays.
Arrivent deux couples asiatiques lesquels s'asseyent les yeux rivés, qui sur sa tablette, qui sur son portable. La carte des vins déposée sur leur table, l'un d'entre eux l'entr'ouvre distraitement, jette à peine un regard et la referme aussitôt, ne la propose pas aux autres convives et la repousse négligemment sur la table voisine. Ce sera donc quatre sodas de type cola. Et la lecture des tablette et portable de se poursuivre imperturbablement. Pas un mot, pas un regard, pas un échange. Juste quelques mouvements de doigt.
Notre discussion se poursuit sur les bollicine (Terme général pour désigner les vins effervescents italiens).
Voila qui tombe bien : le vin blanc avait un 'goût de trop peu'. Va pour Guido Berlucchi cuvée '61 brut Denominazione di Origine Controllata e Garantita Franciacorta Satèn à la fraîcheur sapide et bienvenue (25,90 euros).
Sur ces entrefaites, deux francophones prennent place dans l'arrière salle et commandent deux verres de vins italiens, accompagnés de brie et de reblochon.
La remarque du serveur fuse : "vous n'êtes pas venus d'aussi loin pour manger du fromage français ?!?". Penauds, ils rectifient leur commande.
Cette mise au point, sans doute guère commerciale, n'en est pas moins tellement vraie.
L'enoteca Cul de Sac regorge de pépites gustatives à découvrir absolument. Il y a là tant à apprendre pour peu que l'on veuille bien s'en donner la peine. Pour peu que l'on veuille bien ouvrir ses mirettes, pour peu qu'on laisse à ses papilles la possibilité de découvrir d'autres textures, d'autres saveurs, pour peu que l'on soit attentif à d'autres flaveurs. Pour peu que l'on veuille bien parler, écouter, échanger.
Effectivement, tant qu'à faire le déplacement, buvez italien, mangez italien. Découvrez italien.
Soyez curieux !
L'enoteca Cul de Sac est une porte : à vous de la franchir et d'aller au delà !
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