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En Mets Fais Ce Qu'il Te Plaît, restaurant Lyon

A la table d’Ishida Katsumi à Lyon

En Mets Fais Ce Qu'il Te Plaît, restaurant Lyon

En Mets Fais Ce Qu'il Te Plaît, restaurant Lyon

« La perfection ne consiste pas à faire des choses extraordinaires, mais à faire des choses ordinaires de façon extraordinaire. » (proverbe japonais)

Né au Japon en 1963, il y est formé de 1983 à 1992 (Osaka, ‘Bistro de Lyon’ à Kobe, ‘Apicius’ à Tokyo). Il arrive en France en 1992 et se pose à Lyon en 1994. Son mentor est Alain Chapel qu’il a rencontré dans sa jeunesse. Il ouvre en 1998  ‘En Mets Fais Ce Qu'il Te Plaît’, aidé au service de son épouse  Suk-hui Kim et ce dans le quartier un peu morne de l’université Lumière Lyon 2 : on n’est loin de rien mais on n’est proche de rien.

La façade donne l’impression d’être en perpétuelle rénovation.

Ne songez pas à vous présenter fût-ce un tant soit peu avant l’heure d’ouverture : vous ne passerez le seuil que le moment venu.
Pour le surplus, vétilleux du cadre ou du service : passez votre chemin !
Au premier abord – et même au deuxième - tout à l’air « bricolé ».

En pénétrant dans l’établissement, vous trouverez à droite la cuisine. Mais pour ce faire, vous rentrerez dans un bric-à-brac, pièce où se trouve le bar.  Au milieu, une table où s’occupe la fille des maîtres des lieux. On a le curieux sentiment de s’immiscer en quelque sorte dans leur « chez soi ».

Vous vous installerez dans une petite salle à la décoration sans doute minimaliste. Les tables en bois sont peintes dans un bleu ciel écaillé. 

L’accueil pourra vous paraître assez froid et le service sans grand égard.

Le menu est parsemé de nombre de fautes d'orthographe et de syntaxe. La carte des vins – brouillonne – pour l’essentiel rédigée à la main, comporte de nombreuses  ratures. 

Basta ! Il ne faut pas se pas se fier à sa première impression. Ici – vous l’aurez compris - pas d’esbroufe, ni de toc. Pas d’ors ni de falbalas et encore moins de service ampoulé. L’on ne se soucie guère des apparences. Le principal est ce qu’il y a dans  l'assiette et dans le verre : le goût, la qualité, le respect du produit.

Katsumi  Ishida pratique uniquement une cuisine française de saison inspirée des produits du marché. Ce chef au gabarit de sumotori produit des plats délicats, parfaitement exécutés, qui vont à l'essentiel. Précision des cuissons et justesse des assaisonnements sont le fil conducteur.

Lors de ma dernière visite, mes convives et moi-même avons commencé en amuse-bouche par des radis du jardin sauce au basilic. La saison s’y prêtant, mon choix s’est porté sur des asperges violettes froides au lait caillé de chèvred’Ardèche et à l’huile de truffe blanche d’Alba. J’avais déjà précédemment apprécié un poulet de Bresse rôti. J’ai donc à nouveau jeté mon dévolu sur cette volaille, cette fois  accompagnée d’asperges vertes et de morilles fraîches.

Et pour ne rien gâcher, la cuisine est généreuse dans les proportions : vous mangerez à satiété.

La sélection des vins (avec possibilité de service au verre) se situe dans la mouvance des vins dits ‘naturels’. Vous trouverez d’ailleurs dans le livre de cave un feuillet explicatif quant à l’Association des Vins Naturels. 
Katsumi Ishida et sa femme – que vous pouvez croiser dans l’un ou l’autre salons - se procurent ainsi les vins directement auprès des producteurs. Pour en revenir à la décoration des lieux, quelques bouteilles ‘fétiches’ – mais vides s’entend - ornent les appuis de fenêtre.

Ne sont disposées que quelques six tables : aussi, mieux vaut réserver car l’endroit est couru.

Petite anecdote : Lorsque pour la première fois, j’ai compulsé la carte des vins, mon choix s’est porté sur un vigneron implanté entre Malepère et Limoux. En effet, j’avais été sensible à ma récente visite chez celui-ci, alors qu’il tirait le diable par la queue. Le vin était excellent et s’accordait à merveille au poulet de Bresse dont question ci-dessus. En fin de repas, au moment de payer l’addition, je me fais apostropher par la voix de stentor de Katsumi  Ishida, curieux de la raison de ce choix singulier. Une fois lesdites explications fournies, la conversation devient immédiatement spontanée. Aussi, je l’interroge à mon tour quant au motif pour lequel il ne fusionne pas cuisine japonaise et française. Et c’est en des termes peu amènes qu’il confie son désamour de la cuisine japonaise. Cette discussion s’est engagée et poursuivie autour du bar, tout en évoquant  de manière pragmatique d’autres vignerons… Vous l’aurez compris : générosité et naturel sont deux substantifs qui prennent ici tous leur sens.

En conclusion, cette adresse peu commune, un peu bohême, est une indéniable valeur sûre.

P.S. : vous pouvez vous procurer, non sans difficulté, trois livres de recettes écrits par Katsumi  Ishida et publiés aux Editions de l’Epure : ‘Le vin, dix façons de le préparer’, ‘L'huile d'olive, dix façons de l'accommoder’, ‘Le feu, dix façons de le préparer’.

Association des Vins Naturels :
www.lesvinsnaturels.org


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