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Cuisiniers, pâtissiers, chocolatiers, bouchers, boulangers… artistes ou artisans ?

Une question que l'on est en droit de se poser à l’heure où le Salon des Artistes Français invite pour la première fois de son histoire 6 grands artistes de la gastronomie

Cuisiniers, pâtissiers, chocolatiers, bouchers, boulangers… artistes ou artisans ?

Cuisiniers, pâtissiers, chocolatiers, bouchers, boulangers… artistes ou artisans ?

Si l’on se réfère à la définition classique des arts proposée par Etienne Souriau dans son ouvrage sur « La correspondance des arts, éléments d’esthétique comparée » datant de 1969 on retrouve les 7 arts reconnus à ce jour, la sculpture/architecture, le dessin, la peinture, la musique, la danse, la littérature et poésie et enfin le cinéma, auxquels sont venus s’ajouter plus récemment la radio, la BD, la vidéo et la télévision, mais point de gastronomie même si on entend parler très souvent "d’art culinaire".

Alors votre pâtissier, votre chocolatier ou votre chef cuisinier préféré est-il un artiste ?

Difficile de répondre. En effet, quand on pense à un chocolatier comme Patrick Roger, on est bien obligé de parler d’art quand on voit ses sculptures magnifiques et gigantesques qu’il réalise en chocolat depuis des années. Et en matière de créations chocolatées on pense également à Jean-Paul Hévin ou Nicolas Cloiseau de la Maison du Chocolat et que dire de ceux qui réalisent des sculptures de sucre (Amezaiku au Japon), de véritables œuvres d’art et un travail à couper le souffle sur une matière pourtant si fragile.

Alors si certains artisans sculptent le chocolat ou le sucre, comme d’autres sculptent la pierre, on est bien en droit de parler d’art. Et en extrapolant, ne pourrait-on pas imaginer que tout ce qui s’apparente à une mise en forme de type sculpture ou même architecture de gâteaux ou autres mets pourrait être associé à de l’art ? Tout n’est question que de définition.

Le vrai problème, du point de vue de la langue, c’est que derrière une œuvre d’art il y a une notion de temps et de traces laissées dans l’histoire. Tout ce qui se mange n’étant qu’éphémère ne pourrait donc pas répondre aux critères de l’art.

Alors artistes ou artisans ?

Mais, car il y a un mais, aujourd’hui chefs, chocolatiers, pâtissiers et même bouchers, boulangers ou fromagers laissent pourtant bien une empreinte dans notre histoire, sous forme d’ouvrages. Ainsi le célèbre maître cuisinier Auguste Escoffier (mort en 1935) à l’origine des « Diners d’Epicure » qui ont fait rayonner la gastronomie française dans le monde, reste une référence en matière de cuisine, un maitre qui inspire et fait des émules et a même aujourd'hui ses disciples (les disciples d'Escoffier). Auguste Escoffier a bien laissé une trace dans l’histoire en tant que père d’un courant de chefs cuisiniers qui continuent de s’en inspirer et peut donc prétendre au titre d’Artiste-culinaire, tout comme les artistes-peintres créateurs de mouvements, comme un de ses contemporains, Manet pour les impressionnistes.

Et puis, il n'y a pas si longtemps, un autre Art, le cinéma, a dû batailler pour être reconnu et nommé 7ème art. Alors qui sait peut-être, dans quelques années, ces métiers de bouches aujourd’hui assimilés à l'artisanat, tout comme les métiers de la mode, rentreront ils enfin au Panthéon des arts !

Quand la gastronomie côtoie l’art contemporain

Une chose est sûre, le succès grandissant des chefs, pâtissiers et autres chocolatiers ne laissent pas indifférent le monde de l’art. Pour preuve le Salon des Artistes Français, qui aura tout de même attendu sa 226e édition, mettra cette année à l’honneur, du 24 au 29 novembre au Grand Palais, quatre MOF Pâtissiers et Chocolatiers, Jean-Paul Hévin, à Nicolas Cloiseau de la Maison du Chocolat, Angelo Musa et Franck Michel, ainsi que des Champions du Monde du Métier de desserts comme Bastien Girard et Marc Rivière (Potel & Chabot) avec des présentations dignes de notre patrimoine vivant.
Un salon qui a choisi cette année de vous transporter dans un univers de  rêve, de gourmandise et d’art. Revêtant l’art de gourmandise, le salon renforce ainsi le trait d’union entre le passé et le futur entre les artistes d’hier et d’aujourd’hui toujours aussi  diversifiés et talentueux et peut-être le début d'une vraie reconnaissance pour ces métiers de bouche.


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