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Affaire Robuchon, les chefs se rebiffent !

Actuellement dans la tourmente médiatique et judiciaire avec une plainte pour harcèlement déposée par un ancien commis passé par les cuisines de son nouveau restaurant à Bordeaux, le chef Joël Robuchon reçoit le soutien indéfectible des chefs du Collège culinaire de France. Une affaire sous fond de casseroles qui semble bien rejouer l'histoire de la comédie humaine !

Affaire Robuchon, les chefs se rebiffent !

Affaire Robuchon, les chefs se rebiffent !

Voilà plusieurs jours que la toile gastronomique s'est enflammée suite à un reportage diffusé par FranceTVinfo qui révélait qu'une plainte avait été déposée pour harcèlement contre le chef le plus étoilés de France, Joël Robuchon. C'est un ancien commis de "la Grande Maison" (il y est resté 2 jours) qui a ainsi mis le feu aux poudres !

Le silence du chef nous a quelque peu surpris, il n'a pas réagi tout de suite, et c'est seulement 3 jours après la diffusion de ce reportage qu'il a répondu par un communiqué diffusé par l'AFP le 9 février :

"JOËL ROBUCHON PORTE PLAINTE EN DIFFAMATION SUITE AUX ACCUSATIONS DE HARCÈLEMENT DANS LE NOUVEAU RESTAURANT GASTRONOMIQUE « LA GRANDE MAISON » À BORDEAUX". et qui démarrait ainsi :

"Joël Robuchon a pris connaissance avec consternation de l'article diffusé le 6 février 2015 sur le site France TVInfo puis par d’autres medias reprenant ces allégations mensongères, concernant le nouveau restaurant gastronomique qui a ouvert ses portes à « la Grande Maison » de Bordeaux le 9 décembre dernier..."

Joël Robuchon entend donc ainsi défendre son honneur en portant plainte pour diffamation à l'encontre du commis qui l'a dénoncé et du journaliste qui l'a, selon lui,  injustement incriminé.

Face à ce mini scandale en cuisine on aura tout lu, tout vu, certains allant même jusqu'à laisser planer la thèse du complot orchestré par le service public pour faire le "buzz" avant le lancement de sa toute nouvelle série télévisée "Chefs". Une serie diffusée à partir de ce mercredi 11 février à 20h50 sur France 2 avec en toile de fond les cuisines d'un grand chef étoilé au bord du gouffre. Des cuisines mises en scène de façon dramatique, où la pression est palpable, l'ambiance tendue, et la violence quotidienne, donnant à ces cuisines un air de sous-marin en état de siège.

Ce mardi 10 février, ce sont les chefs du Collège Culinaire de France, qui sont à leur tour montés au créneau et ont annoncé, via un communiqué, tout leur soutien et tout leur respect à Joël Robuchon. Des chefs reconnus unis dans l'adversité, se serrant les coudes, de peur de voir un jour leur cuisine éclaboussées par une telle histoire.

Mais que révèle réellement ce scandale ? A première vue il remet en cause les pratiques souvent très dures qui existent en cuisine, avec un management des équipes qui ressemble en bien des points à celui des militaires. D'ailleurs même le vocabulaire s'en rapporche, on parle bien de "brigade", le personnel en cuisine doit à chaque consigne du chef ou de son second répondre "Oui Chef ! ", on s'arme d'une "batterie de cuisine" on vit le "coup de feu"... Mais il n'en reste pas moins qu'il existe des cuisines où tout ça se fait dans le respect et la bonne humeur. Non la vie en cuisine n'est pas forcément synonyme de réprimandes de brimades et d'insultes... Fort heureusement !

Gérard Cagna, un ancien chef étoilé, conscient de la réalité des violences en cuisine a rédigé il y a quelques mois un manifeste "Touche pas à mon commis !". Sa motivation, mettre en place de nouvelles bases en cuisine, plus saines et plus respectueuses. Il parle sans détour des poblèmes de harcèlement qui existent en cuisine  même si selon lui cela ne concerne que 3% des cuisiniers "mais c'est déjà trop !"

Alors à y regarder de plus près, ne peut-on pas voir derrière cette histoire la question du harcèlement en général dans notre société ? Une question que l'on retrouve jusque sur les bancs des écoles, des collèges et des lycées, avec les conséquences dramatiques sur les enfants pouvant en conduire certains jusqu'au suicide.  Du harcèlement sexuel, en passant par le harcèlement psychologique ou moral, les violences verbales, insultes et moqueries pratiquées par des petits chefaillons frustrés touchent en réalité toutes les catégories professionnelles. Aujourd'hui pas une profession ne peut se vanter de ne pas connaitre ce type de pratiques. Oui l'homme peut être malsain, manipulateur, violent, sadique... Et dans les cuisines où tout est confiné et très masculinisé on peut se retrouver face à ce type de profils.

Ce scandale et les autres nous amènent à nous interroger sur les moyens à mettre en oeuvre pour en venir à bout. Est-ce par des lois et des sanctions plus fortes ? Par une prise de conscience générale ? Le courage de voir que ces pratiques inadmissibles, existent et qu'elles sont même parfois subies dans les cuisines de notre restaurant préféré, mais aussi dans le bureau d'à côté, dans nos familles, chez nos amis...

N'oublions pas, au même titre que pour le viol, qu'une personne harcelée a souvent honte de ce qui lui arrive, elle se sent parfois responsable, se retrouve trop souvent seule face à son harceleur, pour le dénoncer, devant prouver sa bonne foi... subissant des pressions qui l'empêchent de parler.

Non cette histoire n'est pas qu'une histoire de brigade, c'est bien plus que cela, c'est l'histoire de l'humanité, l'histoire du monde dans lequel nous vivons aux côtés des harceleurs ou  des harcelés.

Alors, si nous voulons un autre monde il est grand temps de s'indigner (merci Stéphane Hessel d'avoir tenté de nous réveiller) et de se rebeller en apportant notre soutien et notre écoute aux victimes, sans les stigmatiser ni les montrer du doigts comme étant de simples délateurs. Nous devons ouvrir les yeux et reconnaitre les bourreaux, les juger et les punir, afin de faire évoluer dans le bon sens le monde dans lequel nous vivons.

Et quant à la diffusion médiatique, dans la presse et sur nos écrans, de ce type de scandale , nous devons raison garder et ne pas exposer inutilement les victimes et leurs bourreaux présumés tant que ceci n'ont pas été jugés et reconnus coupables.

Alors arrêtons de faire le procès d'une profession actuellement sous le feu des projecteurs et balayons chacun devant notre porte !


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